Esprit du
grand krispoll, muse des fjords, chant muet du saumon pêché au large des vagues
qui poussent sous les glaces du Nord, sifflement du gnome, rire du lutin que
l’on entend au hasard des sapins et des affleurements de granit sauvage,
inspire-moi, si tu le veux, quelques uns de ces billets (tu sais, comme quand
j’écrivais sur Facebook depuis la Californie) pour me permettre de décrire tout
en m’amusant ce peuple de Finlande que je viens de découvrir durant ces
quelques jours passés parmi eux (euh non, pardon, de Suède, je confonds
toujours) ; si tu acceptes, je t’offrirai un sacrifice humain sur les
runes sacrées du viking (ou des boulettes de viande à la sauce fruits rouges au
self d’Ikea).
Göteborg |
Tout d’abord,
petit moyen mnémotechnique pour ceux qui sont aussi nuls que moi en
géographie (ils sont peu nombreux, mais je soupçonne qu’il y en a tout de
même) : NSF. La Norvège est plein Ouest, la Suède est au milieu, et la
Finlande à l’Est, du côté de la Russie. Les Finlandais parlent une langue de
racines différentes ; ils ne font pas partie de la Scandinavie qui au sens
strict comprend Danemark, Norvège et Suède. Les Norvégiens parlent un dialecte
quasiment suédois : les deux peuples se comprennent, même si les Suédois
jettent parfois sur eux le regard à demi méprisant du citadin sur le
campagnard. Quant au suédois, c’est presque de l’allemand, du moins à
l’écrit : « tack » pour « danke », « lax »
pour Lachs » (le saumon), et bien d’autres exemples encore.
Pour commencer
mon séjour dans le S, j’ai eu la chance d’être déposé par Ryanair sur
l’aéroport de Göteborg par un beau jour de mai où le soleil avait sorti les
Suédois de leurs maisons et fait flotter sur leur pays un agréable climat très
Californie médiane : il brille, mais le vent rafraîchit l’air un peu moins qu’à
San Francisco ou à Santa Cruz. On me l’a dit dès l’arrivée : la Suède,
c’est bien quand il fait beau (ce « quand il fait beau » m’a très
vite un peu inquiété). Ainsi, j’ai compris qu’il pleuvait une grande partie de
l’année (même si le temps change moins brusquement que dans la perfide Albion)
et que la nuit pouvait durer longtemps en hiver. Ce n’est pas pour rien que les
pays du Nord ont un des taux de suicides les plus élevés au monde, même si la
vie y est très agréable par d’autres côtés.
La rue Haga |
Après-midis ensoleillées |
Ici, ce n’est
pas tant la culture et les monuments comme dans l’Europe du Sud (celle-ci
inclut la Belgique et le Nord de la France), ni la nourriture à proprement
parler, ni les paysages, qui sont moins variés que dans nos campagnes ou celles
de l’Utah ou de l’Algérie (ou de la Corée du Sud ou du Zanzibar). On trouve
bien quelques châteaux, mais ils n’ont pas vraiment été attaqués (la preuve, le
roi est toujours en place) ; la nourriture est comestible si vous aimez
les biscottes, le pain suédois et le gouda sans cumin ; les campagnes sont
vierges, mais il faut se contenter de sapins, de lacs, de rochers et de sapins
(et de lacs). Le côté agréable de la vie, donc, ce sont les outdoors (la
vie en plein air, comme on dit): randonnée, ski à roulettes (on en croise dans
la ville), mountain bike, voilier, escalade, ou semi marathon de
Göteborg qui avait lieu ce week-end et qui est le plus connu du monde en Suède.
Les Suédois
sont donc des gens qui aiment se faire du bien. Leur alimentation n’est pas des
plus raffinées, mais ils ont de bons poissons quand ils les pêchent ailleurs
que dans la Baltique aux fonds couverts de poussière et d’épaves de sous-marins
et de bateaux de nos dernières guerres mondiales. Le marché au poisson de
Göteborg a d’ailleurs son charme, dans sa halle au toit pointu d’ardoises au
bord du canal. Les supermarchés vous vendent de longs rouleaux de pain pour
faire vos sandwiches (comme ceux que vous payez 3,5€ à Monop’), des briques de
yaourt ou des bouteilles d’eau vitaminée. Les fruits et légumes me font peur,
car ils n’ont le plus souvent pas de goût (trop lavés dans l’eau des pluies
nordiques ?), alors pour l’équilibre alimentaire je me rattrape sur le
rayon des sucreries, ici très fourni (les Suédois sont de vrais gourmands).
Au-delà des
sports et de la nourriture, deux concepts (eh eh vous voyez les grands mots)
permettent de se faire une idée de l’état d’esprit suédois : ouverture et
la gomme. Ouverture d’abord, parce qu’ils considèrent qu’il faut accueillir
tout le monde dans sa diversité. La Suède donne asile à de nombreux réfugiés
politiques, notamment iraniens ou irakiens (de préférence les plus
intelligents). Cette immigration n’est pas toujours bien prise en charge, au
sens où elle se cantonne pour la plus grande partie des gens à la banlieue,
« de l’autre côté du pont » où a lieu en moyenne une fusillade par
mois, tandis que le centre-ville est très calme, très safe et, il faut
le dire, très blond aux yeux bleus. Cette diversité relative permet cependant
de commander au restaurant lors de votre virée sur les îles du large une pizza
au kebab (incluant des frites sur la sauce tomate) ou de s’offrir une
baguette au café français du coin (le filon semble inépuisable). Des drapeaux
multicolores indiquent un climat très gay-friendly.
La gomme,
ensuite (je transcrits à partir de ce que j’ai entendu à l’oral), c’est cette
idée très suédoise du « ni trop, ni pas assez ». Du coup, dans la
rue, les gens s’habillent de manière très normale, sans couleurs vives
ni excentricités, ils ont la politesse nécessaire à la vie en société et se
comportent de manière fondamentalement normale : leur normalité en
devient presque parfois anormale. Les seules exceptions à la règle découlent
encore de ce modèle, car elles sont franchement en rébellion contre cette
normalité (qui devient presque aussi une normalitude, pour parodier une
certaine ministre de notre pays) : tatouages colorés sur tout le bras,
dreadlocks bien grasses jusqu’aux fesses, piercing de vache entre les narines
(sic). La gomme, en somme, c’est une sorte de modération en toute chose, qui
consiste à mener sa petite vie tranquille sans s’égarer dans les excès. Les
Suédois eux-mêmes reconnaissent qu’ils ne voyagent pas beaucoup, ne quittent
pas souvent leur pays pour aller voir ailleurs.
Au premier
abord, disons-le, ce côté à la fois très ouvert et très modéré est très
agréable. Dans la ville, les piétons sont rois, plus encore que les vélos qui
règnent sur les voitures. Vous pouvez traverser la rue avec la certitude que le
conducteur freinera en avance pour être sûr de vous montrer qu’il veut que vous
passiez. Le tramway va à une vitesse hawaiienne (comprenez : très lente)
qui fait que vous pouvez franchir ses rails sans craindre pour vos jours. Les
stations de velib’ alimentent bien les pistes cyclables, et les transports en
commun, bus, tram ou bateau, sont innombrables. Vous pouvez vous promener dans
certaines rues piétonnes pour goûter au soleil de quelques jours ou au pain à
l’omniprésente cannelle que leurs descendants américains ont gardé
jusque dans les chips à la pomme de chez Smart and Final. Le port, avec
l’opéra qui se dresse au bord de l’eau sans y tomber, vous offrira de belles
promenades quand vous aurez épuisé tous les parcs, c’est-à-dire après
longtemps.
Les parcs et
les jardins, je ne puis dire que je ne les ai pas appréciés. Ces gens aiment
les fleurs, les tulipes de couleurs vives que l’on voit en bouquets vivants sur
les parterres des jardins publics ouverts pendant la plus petite partie de
l’année (le printemps). On s’y promène en discutant, passant au bord du canal à
l’ombre des saules tandis qu’une armée de touristes passe silencieusement
ébahis sur une barque-mouche. Les enfants s’amusent dans les jeux de bois bâtis
pour eux (l’enfant est un peu roi dans ces pays du Nord, et la fessée est un
crime puni par la loi – puni d’une fessée ?). Les serres accueillent les
vieillards férus de botanique et les chienchiens courent à la laisse de leur
maître autour de la statue de bronze du héros local sur son socle de pierre.
Les parcs sont pour les âmes plus bucoliques, amatrices de pique-niques entre
les bosquets, d’enfants nudistes jouant au ballon, de Suédois à la recherche de
bronzage pour leurs photos d’été, de barbecues portables et écologiques, de
saumon grillé et de têtes blondes qui dépassent à travers les roseaux.
Je pense que
vous voyez ce qui fait à la fois le grand avantage et le petit inconvénient des
Suédois : leur vie est calme, paisible, mais elle est surtout calme,
paisible (c’est ce que je peux en dire après quelques jours passés chez eux,
c’est-à-dire sûrement pas assez pour percer jusqu’au fond les apparences). Les
Suédois eux-mêmes ne s’en cachent pas : leur pays n’est peut-être pas le
plus excitant du monde, même s’ils s’offrent flegmatiquement le plaisir du
sauna ou de la villégiature nordique dans la maison de bois bleue ou rouge, que
toute bonne famille possède quelque part au nord, au bord d’un lac sous les
sapins. Leurs noms sont d’une monotonie saisissante : les filles
s’appellent toutes Anna Ericson et les garçons Hans Olafson ; moyen de
rester discret, ou de faciliter la mémorisation des prénoms dans la vie
courante. Alors, on se divertit avec les Rachel, les Dorothy, les Jimmy et les
« dudes » des séries américaines que l’on n’a pas besoin de
sous-titrer puisque pour des raisons de survie, tout le monde est bilingue. La
nourriture se ressent aussi parfois de cet éclectisme, pour le meilleur comme
pour le pire, pour 7-eleven comme pour Burger King.
La 7-eleven connection |
Le Hollywood touch |
Du reste, il
est une situation dans laquelle les Suédois se mettent à devenir fun
(j’en ai moi-même fait l’expérience en direct, et j’estime que cela en valait
le coup) : l’alcool les révèle à eux-mêmes. D’un point de vue européen du
Sud, on peut penser qu’il est triste d’avoir besoin de substances pour faire la
fête, pour s’amuser, pour passer un bon moment entre amis ou aller enfin vers
les autres, même si les clichés liés à l’alcool nous ont déjà désabusés sur les
pays du Nord, du froid, à commencer par la Russie. Pourtant, je n’ai pas vu de
grands excès : un peu de bière (ou de vin, s’ils ont invité des Français)
leur permettent de se désinhiber, d’oublier un peu que les femmes ont mis une
belle robe pour danser sur David Guetta et les hommes un nœud papillon sur leur
costard. L’élégante canne qu’un Suédois aura reçue pour son anniversaire
deviendra alors un accessoire de danse pour ses amis que la voix douce d’Abba
(c’est tout le soft power de la Suède, avec Volvo et Ikea) fait déjà
vibrer au point de les faire confondre, dans le noir, les tranches de poulet
avec des tranches de gâteau marbré.
A moins de s’acquitter de la taxe, les bars ferment rarement après 1h du matin, et il est interdit de vendre de l’alcool après 15h le samedi. |
Un autre côté
sombre des Suédois, ai-je entendu dire, c’est l’argent. On dit que les Suédois
ne savent pas trop gérer leurs couronnes (c’est le nom de la monnaie), qu’ils
s’endettent pour leur appartement et qu’ils dépensent tout leur argent avant la
fin du mois en restaurants et en sorties. Leur discrétion n’exclut donc pas un
certain goût pour le divertissement, par ci par là (le parc d’attraction du
centre de Göteborg élève sa grande roue à la hauteur des clochers et des
cheminées d’usines). Les transports en commun et le brownie en carré (qu’ils
n’aiment pas apparemment) sont moins chers qu’au pays de François Hollande,
mais j’ai pu constater que les prix en général étaient plutôt élevés, que ce
soit pour la bouffe ou pour le shopping, et que les commerçants suédois
n’avaient pas grand chose à envier à la plupart des boutiques parisiennes.
Heureusement, les salaires sont alignés sur ces prix et les étudiants reçoivent
une bourse de l’État pendant 5 ans (oui, tous les étudiants). Est-ce un moyen
de se protéger contre l’envahisseur ?
Snoopy, image du flegme scandinave ? |
Ah ! Les
envahisseurs ! L’université de Chalmers semble indiquer le contraire.
Cette université scientifique mi-privée, mi-publique (mais surtout mi-privée)
semble pouvoir se targuer d’un certain cosmopolitisme assez sympathique. Sur un
campus grand et vert, même s’il n’est pas Harvard ni même UCLA, on peut croiser
des Chinois, des Européens de tous points cardinaux (hongrois comme espagnols
ou grecs) qui circulent entre les bâtiments d’appareils de mesure, de salles de
cours ou de logements étudiants (qui font un peu plus envie que ceux du CROUS),
pour aller prendre un verre sur la terrasse de la cafétéria, bien sûr,
puisqu’il fait beau, ou un cours de yoga dans la verdure qui l’entoure. Le
calme de la ville se trouve multiplié dans ce cadre propice au travail et à la
concentration (je suis sûr que j’emprunte sans le savoir cette phrase à une
brochure publicitaire). Les grandes étendues vitrées des façades de leurs
bâtiments trahissent leur appétit de lumière, qui est belle en été mais rare
sinon. Dans les vitrines, une exposition sur le prix Nobel enfanté à Chalmers,
avant que Volvo n’en fasse son officieux vivier de recrutement. Sur les places,
dans les allées, on croise parfois un canapé motorisé qui promène quelques
élèves ingénieux, car paresseux (c’est la base du design).
Oui, si je
devais donner l’une des richesses de l’esprit suédois, je dirais volontiers le
design, après avoir loué leur esprit de tolérance et d’ouverture qui leur
permet si bien de traverser le siècle. Les pays qui n’ont pas beaucoup de
musées ont souvent des magasins très intéressants. Certaines sociétés se
reflètent dans le passé, l’attachement aux traditions, à l’histoire ;
d’autres se tournent sans cesse vers l’avenir, l’innovation, la créativité,
même si dans les faits ces deux directions sont plus complémentaires
qu’incompatibles. Le design, c’est un peu cette capacité à satisfaire le
tempérament placide grâce à un objet efficace par lui-même (et non par
vous-mêmes). Il y a ce tube courbé que vous pouvez visser sur une bouteille
pour la transformer en arrosoir. Il y a cette râpe à fromage avec manche si
pratique mais devant laquelle un Français crierait sans doute au sacrilège. Il
y a ce canard jaune en plastique qui fait infuser le thé qu’il porte sous ses
plumes quand vous le faites nager dans l’eau chaude de votre petit déjeuner. Je
me dis parfois qu’on aurait intérêt à faire un tour d’Europe des magasins
d’ustensiles pour récupérer les bonnes idées de chaque peuple et ouvrir une
boutique syncrétique quelque part au centre (en France ?).
La
ville elle-même n’est pas sans charme, même si ce ne sont pas les façades
colorées de Vienne ou de Prague, ni les tags de Berlin, ni l’élégance
hausmannienne de Paris. Göteborg, ce sont des bâtiments de brique du début du
siècle dernier, ou plus massifs, en pierre de taille, une vieille bibliothèque
ou une vieille mairie au fronton imposant de république, ou quelques immeubles
d’un blanc éclatant sur l’avenue principale que surplombe le musée d’art plutôt
contemporain et la statue de Poséidon au grand nez (je trouve). Les quartiers résidentiels sont faits de ces
maisonnettes colorées des pays nordiques, dont la forme rappelle les granges du
Midwest et la texture celle du bois, ou de la taule selon le niveau de vie des
habitants. Le tout est dominé par une tour en haut de la colline, qui permet
d’embrasser la ville d’un seul regard à 360°, d’apercevoir le feu d’artifice en
plein jour donné pour le départ de la course (il y a une première fois à tout)
et de se rendre compte que la forêt n’est qu’à quelques dizaines de minutes à
pied de la ville.
De même qu’il
y a le côté de Guermantes et le côté de chez Swann, il y a, à Göteborg, le côté
forêt et le côté îles. J’ai dit que je laissais la forêt à ceux qui ne
craignaient ni les loups, ni les cerfs qui s’écrasent sur votre pare-chocs
comme dans les week-ends d’escapade et les contes pour enfants. Les îles,
elles, ont leur charme particulier : à qui ne voudrait pas se fendre d’un
trajet dans le grand Nord pour assister aux merveilleuses danses ondulatoires
et phosphorescentes des aurores boréales (ce que les Suédois ne font pas, car
trop loin), les îles offrent un séjour agréable à l’amateur de microcosmes et
aux familles en vacances. Quelques minutes de bateau à travers les fjords
permettent de voir les panneaux de mise en garde contre les récifs, les maisons
parfois construites sur un tas de rochers au-dessus de l’eau, les restaurants
pavoisés de drapeaux jaunes et bleus (les couleurs d’Ikea), et les îlots plus
sauvages où la broussaille le dispute au granit gris. On s’arrête sur une île
plutôt résidentielle, mais qui n’a rien perdu de son charme naturel : il
reste une partie de basse forêt et de plages froides que l’on devine derrière
les buissons ; la cour de l’école primaire n’a pas de barrières ; les
mâts de bateau s’élèvent dans les jardins ; la petite église domine un
cimetière où les tombes portent toutes le même nom (facile, en Suède). Les
habitants ne se déplacent qu’en voiturettes à golf électriques, car des chemins
bitumés remplacent les routes. Les enfants peuvent courir en liberté, les
parents faire leurs mots-croisés tranquillement.
C’est sur
cette idée de calme idyllique que je voudrais quitter la Suède et peut-être un
jour la retrouver pour Stockholm ou le fond des forêts inhabitées. Ce calme se
reflète même dans la politique, qui semble sans émotions, si ce n’est à propos
de l’Union Européenne, leur seule vraie question. Les vies politiques calmes
sont le signe des pays qui ont trouvé leur équilibre, comme la Suisse (je ne
dis pas qu’il soit forcément bon en tout point), ou des pays où le bien commun
est censé émerger de la somme des biens individuels, comme aux Etats-Unis. Je
ne sais ce qu’il en est de la Suède, même si je penche plutôt pour la première
interprétation. On peut voter pour les élections européennes au milieu du
centre commercial : scandaleuse désacralisation du vote ? esprit
pratique qui le remet au cœur de notre vie quotidienne ? Le parti
féministe qui me tend un tract rose bonbon dans l’optique de ces élections
m’arrache intérieurement un sourire : est-ce la couleur la mieux à même de
renverser les clichés échangés entre hommes et femmes ? Je médite la
question dans la piscine-balcon au fond vitré d’un haut immeuble du centre de
Göteborg, et je vous donne la réponse.